Katana « Papillon » (蝶), lame en bois

La légende de « Papillon » (蝶)

Dans un village niché au cœur des montagnes, une légende racontait l'histoire d'une guerrière aux pas légers comme ceux d'un papillon. On l'appelait simplement « L'Ombre Flétrie » en raison de sa silhouette élégante et de son étrange présence lors des nuits étoilées. Ses ennemis racontaient qu'elle apparaissait au bord des lacs, sous un manteau de lucioles, juste avant que le silence absolu ne s'abatte sur eux.

Ce qui la distinguait était son arme, un katana magnifique dont la garde à la forme de fleur aux pétales vifs d'un orange intense, bordés d'une éclatante teinte verte rappelant les feuilles fraîches d'été. Son manche, finement tressé de vert sombre, évoquait les racines profondes et l'équilibre de la nature. La lame, noire comme une nuit sans lune, portait deux inscriptions anciennes, gravées par des mains expertes pour rappeler l'âme de son combat.

La guerrière n'était pas née pour la guerre. Elle était fille d'un apothicaire, bercée par le parfum des herbes et les histoires douces de rédemption. Pourtant, son destin bascula lorsqu'une créature obscure, envahie par la folie, frappa son foyer en une nuit funeste. La perte lui vola ses larmes, mais elle garda une seule promesse : celle de purifier les ombres errantes et de rendre la lumière à la nuit.

Pour cela, elle forgea son art à partir d'une maîtrise des poisons subtils et des mouvements délicats. Son katana, surnommé « Papillon », était l'incarnation de cet équilibre : gracieux mais impitoyable. Le fourreau blanc, éclatant comme la lueur de l'aube, était gravé de motifs dorés représentant des fleurs, symbole de la fragilité et de la renaissance.

Chaque combat était une danse. Lorsqu'elle surgissait, son mouvement évoquait le vol des papillons, imprévisible mais fascinant. Les ennemis, éblouis par sa présence, n'avaient pas le temps de voir venir la fin. Elle n'utilisait jamais la force brute mais préférait la précision parfaite, frappant là où la corruption s'était enracinée.

Un soir, alors que le ciel s'enflammait de rouge et d'or, elle fit face à une entité d'ébène aux yeux d'un blanc aveuglant. C'était le plus puissant des esprits sombres qu'elle ait rencontré. Le duel dura jusqu''à l'aube. Le papillon nocturne s'effaçait pour laisser place à une nouvelle vie. Dans un ultime élan, elle frappa avec la grâce d'une brise d'été.

Lorsqu'elle déposa son katana sur le sol humide de rosée, la créature disparut en un nuage de poussière argentée. Le village retrouvé la paix, mais la guerrière, comme les papillons qu'elle admirait tant, s'éclipsa à l'aube, laissant derrière elle le souvenir d'une étoile filante et le bruissement des ailes dans le vent.

Aujourd'hui encore, dans ce village entouré de forêts, certains disent apercevoir au clair de lune la lueur dorée d'un fourreau blanc posé à l'orée des bois. Comme une invitation à se souvenir que, même dans l'obscurité, le papillon danse toujours.